Papiers
Publié le 1er février 2006.

La Dette en Afrique Noire

Ce document a pour vocation d'expliquer pourquoi je n'ai pas inclus la dette dans le document sur comment aider en Afrique Noire.

Pourquoi la dette et le développement en Afrique Noire, sont deux sujets différents

Pour la dette comme pour la PAC, le seul fait de le savoir influence nos politiques, donc il serait important de soulever ce point.

Malgré tout j'ai évité le sujet car je pense pour ma part que les flux financiers sont de toutes manières, très, très largement en faveur des pays Africains. Ce que ne prennent pas en compte les analyses que je lis régulièrement, c'est l'argent des matières premières. Vendre du pétrole, ça n'est pas vendre le résultat d'un travail local. Le pétrole est là par hasard et l'argent donné en échange revient d'un point de vue local à du don. Ensuite il faut ajouter les dons des migrants, l'argent des humanitaires, celui de l'aide publique au développement des Occidentaux. Ce n'est que comme ça que l'on peut expliquer comment dans des pays où les travailleurs ne font presque que de l'agriculture extensive, on voit tout de même non seulement beaucoup de riz importé, mais en plus un nombre incroyable d'engins (et d'armes!) qui n'ont pas été produits sur place. Le flux est clairement en leur faveur.

La dette est -disons- une laisse pour les gouvernements locaux. C'est immoral mais ça ne touche qu'assez peu les populations. Au quartier, il n'y a pas d'impôt, au Tchad par exemple la plupart des structures "publiques" sont tenues par des internationaux (surtout des religieux) et la dette ne préoccupe pas grand monde. Donc c'est un problème pour les gouvernements surtout.

Sous le Sahara, des gouvernements qui travaillent au bien-être de la population, il n'y en a pas beaucoup. Alors c'est vrai qu'on peut penser que ce n'est pas en les tenant en laisse qu'ils apprendrons à devenir responsables. Sauf que si on fait les comptes avec l'argent des matières premières, les gouvernements recoivent bien plus d'argent qu'ils n'en rendent. Ce qui n'aide pas non plus à devenir responsable. Il faut aussi compter que les économies occidentales (donc les Etats occidentaux) sont dépendants des matières premières qui sont sous les pieds des Africains. Les gouvernements africains ont ainsi de facto un moyen de pression sur les Etats occidentaux. Il est (pas "juste", mais) cohérent que les gouvernements occidentaux se trouvent des outils pour compenser.

Ces réflexions sont valables surtout pour les pays qui ne remboursent pas, ainsi qu'à ceux qui remboursent avec l'argent de l'extérieur. Pour ceux qui remboursent avec des prélèvements sur la population, la dette est clairement nuisible au développement. C'est le cas pour plusieurs pays d'Amérique Latine et, c'est vrai, peut-être de certains pays anglophones en Afrique Noire aussi.

Il faut aussi ajouter que si la dette sert de moyen de pression au FMI pour faire appliquer un Plan d'Ajustement Structurel, alors les conséquences sont nuisibles au développement. Mais le problème n'est plus la dette, le problème est le PAS et le FMI.

Tout ceci n'empêche nullement qu'il faudrait annuler cette dette.

Ceux qui payent...

Si l'on souhaite un vraie cohérence, il faudrait que le coût de la restauration de l'environnement soit inclus dans le prix du baril de pétrole. Et si l'on trouvait des matières premières en quantité illimitée et sans impact sur l'environnement, alors peu importe où elles se trouveraient et le prix devrait être le coût d'extraction. Mais tel n'est pas mon sujet. Du point de vue du pays Africain, l'argent qu'il reçoit est gratuit et a le même effet que des dons mal ciblés. Du point de vue Occidental, le pétrole consommé est payé. Et la seule qui donne sans recevoir, c'est la nature. Donc nos descendants.

D'accord, pas d'accord ? Réagissez !
Pour réagir à ce document, n'hésitez pas à ajouter un sujet sur le forum.

© Copyright 2007 Thomas Mur. La reproduction et la diffusion de ce document sont autorisées selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas de Modification.