De la résistance des cultures locales

Le 19/10/2008 à 14:31, par Mathilde

De la résistance des cultures locales
Par Cheikh Tidiane Diop (Le monde diplomatique)

« Nulle part, la mondialisation ne procède à l’égalisation des chances et des économies. Au contraire, partout elle creuse et polarise les écarts. (...) Les formes traditionnelles d’organisation sociale ont toutes été vaincues par ce rouleau compresseur acculturant de l’économie. Les communautés de solidarité de base se sont dissoutes à mesure que le marché étend son emprise à toutes les sphères de l’organisation sociale en s’immisçant dans la vie quotidienne des populations. La question sociale alimentée par la misère culturelle et des inégalités inédites est devenue brûlante. »
Dans un tel contexte, l’Afrique est sommée de se ressaisir et de commencer à compter surtout sur ses propres forces. En fait, la lutte pour le maintien d’un certain mode de vie ne laisse plus tellement de place à des solidarités de type international. Nous assisterons au tarissement de ces sources de solidarité en raison des menaces qui pèsent sur le niveau de vie de populations des pays développés.

Les différences entre les sociétés et les échecs de certaines d’entre elles pour réaliser un certain développement, ainsi que la crise du modèle occidental, ont contribué au renouvellement des approches dans une optique de prise en considération d’autres facteurs, notamment culturels. (...) Cette prise de conscience a résulté d’un constat d’échec de la part de certains gouvernements, des experts, des institutions internationales comme l’ONU et d’autres organismes intervenant particulièrement sur le terrain des pays dits du tiers-monde. (...)

C’est plus particulièrement à la fin des années 1980, début des années 1990, que se développent ces nouvelles approches qui mettent en relief l’univers des champs symboliques des sociétés concernées par les politiques de développement. Le mythe économiste radical dont les lois sont censées s’appliquer en tous lieux s’effondre pour ainsi dire dans les incohérences et les résistances de certaines réalités socioculturelles.

(L’Afrique en attente ?, p. 82.)

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