L’Afrique au-delà des idées reçues
Par Augusta Conchiglia
(Le Monde Diplomatique archives juillet 2007)
S’ils n’ont jamais disparu des médias ou de certains ouvrages spécialisés, lieux communs et idées reçues sur l’Afrique subsaharienne prennent une nouvelle vigueur en ce début de XXIe siècle. Patent, l’échec des politiques de développement qui lui ont été imposées – le produit intérieur brut (PIB) par habitant est inférieur à celui de 1960 – a eu pour effet de « décomplexer » les observateurs les plus méprisants du continent. En France, cette tendance s’est ouvertement manifestée dans l’éphémère loi sur le « rôle positif » de la colonisation (1) et le rejet de plus en plus assumé de toute « repentance » à ce sujet. Un sentiment qui traduirait la « honte de soi », déclarait de façon péremptoire le président Nicolas Sarkozy le soir de son élection.
Le diagnostic avancé par les « afro-pessimistes » est sévère : l’Afrique est en « faillite », et son avenir est compromis pour des générations. La responsabilité des régimes locaux incompétents ou corrompus – incontestable – efface de plus en plus celle – pourtant réelle – des Occidentaux. Signe des temps : un consensus grandissant entoure les théories qui pointent les tendances « suicidaires » de l’Afrique. Des essayistes africains s’en étaient d’ailleurs fait les précurseurs en théorisant, au début des années 1990, le « refus du développement » manifesté par le continent noir ou la nécessité pour lui d’un « ajustement culturel » (2) !
L’Afrique serait-elle donc d’abord victime d’elle-même ? De son histoire ? Principaux responsables désignés : le fonctionnement de l’Etat, le clientélisme ethnique, les pratiques rentières et spéculatives des riches et des commerçants débouchant sur la corruption et un endettement insupportable. Des « blocages socioculturels et historiques » expliqueraient le fossé qui s’élargit entre l’Afrique et le reste du monde, et notamment les comportements irrationnels « propres aux peuples africains », tels que la faible propension à l’accumulation capitaliste, les charges générées par le soutien à la famille élargie, qui brideraient l’épargne et tout investissement productif. Des peuples qui dilapident les richesses naturelles, contribuant à la désertification et à la déforestation, et sont incapables de progrès. Ce qui en fait d’éternels assistés (3) !
L’Afrique au-delà des idées reçues
Par Augusta Conchiglia
(Le Monde Diplomatique archives juillet 2007)
(Source)
Intéressante synthèse et qui mérite d'être lue en entière. Merci Mathilde !
Merci ! J'avais effectivement trouvé l'article très intéressant !