Productivisme, progressisme et crise

Le 11/10/2008, par Thomas

Le terme « productivistes » m'apparaît comme le plus chargé de sens pour désigner ceux qui font de la croissance une valeur en tant que telle. La grande majorité de la population occidentale est productiviste.

En réaction, une minorité de « décroissants » cherche à subordonner la croissance à la préservation de l'environnement naturel. À chaque nouvel effort politique pour ajouter des points de croissance, les décroissants répondent : « Mais au fait, pourquoi ? Quel sens cela a ? »

Le duo productiviste / décroissant en évoque un autre : celui des progressistes et des conservateurs. Le progressiste s'accroche à son progrès comme le productiviste à sa croissance. Par opposition, les conservateurs subordonnent le progrès à leurs valeurs morales.

Il existe de grandes affinités entre productivisme et progressisme. Comment en effet imaginer produire chaque jour plus qu'hier sans progrès technique ? La production et le progrès marchent main dans la main. Des concordances relient de même les décroissants aux conservateurs, les deux évaluent les nouveautés à l'aune de leur morale.

Les États occidentaux modernes sont bureaucratiques. Or, toute bureaucratie enfle avec bonheur et maigrit dans la douleur. Les bureaucraties étatiques ont donc tendance à enfler, ce qui demande des ressources en constante augmentation. Les États sont alors productivistes.

Au final, il n'est pas étonnant que les banques centrales — dont le monopole est assuré par les États — maintiennent des taux directeurs chroniquement trop bas. Elles sont sensibles à l'« impératif » de croissance et descendent le prix de l'argent afin d'abaisser le niveau de sélection des investissements, quitte à favoriser des bulles spéculatives responsables des crises.

Thomas M.

Sources : Sur la crise, l'article de Vincent Bénard (un productiviste) : Les causes immobilières et foncières de la crise du subprime.