Indécence occidentale en Afrique (commentaires)

Commentaires
Le 20/12/2008 à 01:36, par xavdr

Thomas, 1- Sur le principe : La position que tu défends sur le rapport à la mémoire historique prétend se fonder sur la pudeur, mais on peut au contraire la décrire comme une position obscène, où les accusés n'auraient pas le droit de se défendre, où les innocents voisins de certains coupables seraient tous collectivement accusés et condamnés de la même façon que les accusés véritablement coupables, où les premiers coupables ne seraient pas accusés mais qualifiés de victimes au coté des véritables victimes, où les témoins seraient condamnés avec les coupables, où le procès serait mené à charge et jamais à décharge, et où la condamnation des crimes passés serait héritée à tout jamais par toutes les générations futures sans jamais laisser place au pardon et à la paix. Car c'est bien du futur et de la paix dont il s'agit. L'injustice, la naïveté et l'aveuglement d'un débat interdit ne répare pas les crimes passés et facilite les crimes futurs. La paix provient de la liberté de tourner son regard vers le passé et vers le futur et de la volonté de construire avec lucidité un futur de paix. Une des plus remarquables forces de la culture occidentale est le pardon chrétien. 2- Sur le contenu : De nombreux pays occidentaux et l'immense majorité des familles occidentales n'a rien à voir avec la traite afro-américaine. C'est bien le monde occidental qui a mis fin à l'esclavage, d'abord entre occidentaux en occident, puis en occident en interdisant la traite de nouveaux esclaves afro américains, puis en occident en libérant les afro-américains de leur condition d'esclaves, puis en Afrique même en y interdisant l'esclavagisme. En outre, et même si cela n'excuse pas le crime de privation de leur liberté, les esclaves afro-américains étaient privés de leur liberté naturelle ce qui est un crime, mais à ceci près leurs conditions de vie - leur alimentation, leur santé, leur durée de vie, leur sécurité - étaient généralement supérieures à celles des africains en Afrique. Aujourd'hui il y a plusieurs dizaines de millions d'afro-américains et ce sont les personnes les plus prospères issues du continent africain, avec celles de l'Afrique du sud issues de l'apartheid. Enfin, et le contenu rejoint ici le principe, comment ne pas trouver odieux de polluer les jeunes générations avec une mémoire biaisée sur laquelle on n'aurait même plus le droit de débattre ? En Occident, dans la foulée des manipulations des enseignants marxistes, la mémoire de la traite est utilisée comme un moyen de destruction de la société par l'intermédiaire du masochisme généralisé ou de la défiance vis-à-vis des USA. En Afrique, c'est une fausse excuse à l'échec économique et politique ou pire, à celui de la mendicité d'état. Une mémoire biaisée, c'est une plaie jamais refermée, qui s'envenime chaque jour. Il est bien plus utile de permettre à chacun de débattre, et d'inciter chacun à prendre du recul avec les fautes de ses ancêtres – ou des voisins de ses ancêtres. Amitiés, Xavier

Le 22/12/2008 à 15:11, par Thomas

(...) leurs conditions de vie - leur alimentation, leur santé, leur durée de vie, leur sécurité - étaient généralement supérieures à celles des africains en Afrique.

Sur le plan statistique au fond je ne sais pas. Mais l'historien Joseph Ki-Zerbo expliquait dans « Histoire de l'Afrique noire » que la traite européenne a eu sa part dans l'exacerbation des conflits et la fin du commerce transsaharien. Et ceci avait fait régresser certains peuples à la période pré-coloniale.

Sinon je comprends ta position. Sauf que je pense aujourd'hui que la raison n'est pas toujours la meilleure des postures. Le travail de « digestion » du passé n'est pas fait. Pas plus du côté africain que du côté européen. Par exemple, la France et le Sénégal ou même toute l'Afrique francophone, ne conçoivent pas leurs relations sur un pied d'égalité. Donc, doucement.