L'Afrique, l'Occident (et les races) existent !
« Comment parler de l'Afrique subsaharienne en général, comment mettre dans un même sac la multitude des langues, des ethnies, des cultures du territoire subsaharien ? Il n'y a pas une Afrique mais mille Afriques ! »
Voilà un reproche que l'on me fait parfois. Et c'est vrai, il existe, au même titre que dans les autres régions du monde, une exceptionnelle variété de modes de vie en Afrique.
Donc, l'Afrique n'existe pas car chacune des ethnies, avec sa langue et ses coutumes, est différente et unique. Il ne faut cependant pas s'arrêter en si bon chemin. Car, comment parler d'ethnie alors que, à l'évidence, chaque village qui la compose a ses croyances, ses spécialités, ses expressions ? Tout village mérite à ce titre d'être distingué des autres. Et encore, parler de village est une malheureuse généralisation, ce serait oublier un peu vite l'originalité et l'unicité des foyers, chacun avec un savoir-faire, des relations, un caractère propre. Mais deux secondes suffisent pour se rendre compte que le foyer à son tour n'existe pas, puisque chaque individu est authentiquement différent des autres. Et l'individu lui-même, existe-t-il vraiment ? N'est-il pas une grossière approximation ? Car si l'on y regarde bien, je veux dire, au microscope, on n'y voit qu'un agencement d'une multitude de cellules qui méritent toutes d'être reconnues ! Et les cellules, existent-elles vraiment ? Ne seraient-ce pas plutôt les molécules, puis les atomes ?
En privilégiant une recherche d'un absolu, ce raisonnement perd le sens des mots. Si l'on suivait le raisonnement des « mille Afriques », les langues humaines seraient peuplées de vains mots. Le seul valable serait celui d'« atome ». Et encore.
En vérité, l'Afrique subsaharienne existe autant que chacune des « mille Afriques » qui la composent. L'existence d'un niveau d'observation n'exclut pas la pertinence des autres niveaux d'observation. Le sens que l'on donne à une observation existe, toutefois, uniquement à l'échelle observée. Les mots sont imparfaits et généralisateurs, c'est précisément l'imperfection et la généralisation qui les rend porteurs de sens.
J'en profite pour ajouter un petit paragraphe sur les races, qui ne sont pas politiquement correctes en France en ce qui concerne l'espèce humaine. En chaussant des lunettes de généticien, les races disparaissent car les différences génétiques entre deux individus sont plus importantes que celles entre races. À ce compte-là, des lunettes de chimiste feraient probablement disparaître les espèces. En vérité les races existent aussi pour l'espèce humaine : ce n'est pas un hasard si l'enfant de deux Blancs est blanc plutôt que noir, ce n'est pas non plus un hasard si l'enfant de deux Noirs est noir à son tour. Et ce fait a du sens pour les parents concernés.